ADIOS CARLOS : monologue vaginal

2 janvier 2019

Ben du coup ça sera le second et dernier volet de cette vagina saga commencée un bel été 2018. Vous l’aurez compris, Carlos et moi c’est fini.

Historique 

En juillet 2018, je me suis fait poser un stérilet hormonal. Pourquoi ? Parce que je ne voulais plus subir la contrainte d’une pilule au quotidien (en vrai j’en avais marre de tout le temps la zapper) et je voulais une méthode de contraception facile à gérer depuis Berlin. Alors après en avoir longuement parlé avec mon gynécologue et mes amies ayant déjà testé le stérilet j’ai décidé de tester moi aussi.

Afin d’accepter ce corps étranger en moi, j’ai décidé de lui donner un prénom : Carlos. Je me suis dit que si je l’acceptais déjà psychologiquement, mon corps ferait le reste. Que nenni (expression préférée de 2018). 

Comme je vous l’expliquais il y a quelques mois (voir l’article ici), la pose en soi n’a pas été un moment douloureux. Je ne vais pas non plus dire que j’ai adoré qu’on me chatouille l’entrejambe mais concrètement, à part des courbatures dans les cuisses, je m’en suis plutôt bien sortie. Pourtant la pose s’est faite hors règles, j’avais pris un anti inflammatoire (qui m’a fait cracher du sang – par la bouche – parce que j’ai un estomac de merde). BREF. 

A peine 3/4 jours plus tard : c’est le drame (enfin le premier d’une série). 

Approximativement du jour au lendemain j’ai été prise de vives douleurs dans le bas ventre. Contractions de OUF (j’ai tenté de déposer le niveau au Guinness Book Record, j’attends leur réponse), fièvre, faiblesse, oh mais qui voilà ? Mes règles ! Qui avaient décidé d’organiser une rave party pour célébrer l’arrivée de Carlos ! Seulement, je les avais déjà eues quelques jours avant… 

Bien évidemment, ça tombait pile poil le we ou j’avais invité ma maman à l’Hotel du Parc à Obernai pour un we cocooning entre filles. Je l’ai passé au lit à bouffer 1000 médicaments divers et variés (spasfon et doliprane sont mes deux nouveaux noms sur ma carte d’identité).

Le lendemain je suis allée voir mon gyneco pour checker si le stérilet avait bien été placé, si tout était ok, ou si – pire – je ne faisais pas un rejet ? Issue du rendez-vous : alles klar, ça va passer Emmy, t’inquiète. 

« Ça va passer, t’inquiète » 

Puis je me suis dit ça « ça va passer t’inquiète » pendant près de 6 mois. Cette expérience a clairement été un traumatisme pour moi. Selon le doc’ je fais partie des 10% de femmes qui ne supportent pas la pilule hormonale (putain mais quelle idée de vouloir être une meuf différente à tous prix quoi). 

C’est ainsi que pendant ces looooongues semaines j’ai été sujette à ça :

  • des règles qui durent entre 10 et 15 jours
  • évidemment des menstrues ULTRA douloureuses (genre je pleure de souffrance dans mon lit, tordue dans tous les sens) // me suis découverte une passion pour la contorsion
  • de vives douleurs à ma jambe gauche pendant 3 semaines (je boitais carrément)
  • une fatigue extrême : un besoin de dormir systématiquement tous les soirs à partir de 20h/20h30, de ne rien faire les week-end, de m’endormir à table pendant que Griezou me parle 
  • mon syndrome prémenstruel a été pire que tout : les hormones diffusées dans un stérilet hormonal n’aident pas à contrôler le SPM, voilà, je ne le savais pas, ça ne m’a jamais été expliqué comme ça, donc je bouffais des hormones « juste » pour la contraception mais je gardais les aléas en parallèle (super, génial, merveilleux)

Oui bon ça va quoi, t’as juste eu des règles difficiles. Non. Non. Non. Et non. J’ai clairement passé 5 mois très épuisants pour mon corps ET mon moral. J’ai perdu énormément de sang et de cheveux. 

Et c’est pas fini : déchirement de la teucha en HD  

Ben oui, parce que suite à tout ça j’ai décidé de me le faire enlever. 

Je me suis donc rendue chez mon gynécologue fin décembre pour lui évoquer tous ces problèmes et nous avons décidé qu’il était finalement mieux de l’enlever. Enfin… dans un premier temps, il m’a quand même proposé de prendre un médicament pendant un mois qui allait stabiliser le tout. Or, je suis plus anti médicament quand je peux éviter et là je ne le sentais pas. 

Donc je me suis foutue à poil, j’ai demandé si c’était douloureux, on m’a dit que « normalement non » et j’ai écarté les jambes pour la pénétration de l’enfer. 

Clairement : c’était un cauchemar. Il a du s’y reprendre à 3 reprises. Trois. MON CHIFFRE PRÉFÉRÉ C’EST SUPER ! QUEL JOUR DE CHANCE ! Pourquoi ? Parce que le fil (qui sert normalement à l’attraper pour mieux le retirer) s’était finalement recourbé et enfoncé dans ma peau ! J’ADORE ! 

J’ai donc été prise de contractions d’une violence jusqu’alors méconnue. Au point où je me suis moi-même surprise à lâcher des cris dans le cabinet. Et le pire dans tout ça c’est que j’ai quand même réussi à me sentir MAL À L’AISE. Tu vois ? Ce genre de sentiment que tu ne devrais pas ressentir mais comme dans la société on dit que les femmes doivent se taire et souffrir en silence 

J’ai finalement vu jaillir de mon corps Carlos, délicatement vêtu de mon sang. Ce gros batard qui m’a niqué ma race. 

On en est là, en fait. 

Autant dire que cette ultime expérience m’a clairement vaccinée. 

Je n’ai pas choisi d’écrire cet article pour vous faire peur. Simplement, je pense qu’il est important de ne pas négliger cette expérience parce que beaucoup de médecins vous diront d’accepter cela le temps que ça se stabilise. Or, il y a des gens qui chez ça ne se stabilise pas. Chez qui ça ne marche pas. Et il n’est pas nécessaire de s’imposer une souffrance quotidienne parce que de toutes façons « deal with it ». Non. Encore une fois, non. 

On devrait toutes avoir conscience des risques que la pose du stérilet peut engendrer. Clairement, vivre avec tous ces symptômes au quotidien peut rapidement se transformer en dépression. On ne doit pas accepter de souffrir. Il existe plusieurs méthodes de contraception et il faut en essayer autant que possible : le temps de trouver celle qui vous ira le mieux.

En ce qui me concerne, je ne regrette pas cette expérience. Mais je ne poserais probablement plus jamais de stérilet. 

Aujourd’hui, à nouveau dans l’impasse, je me retrouve à recommencer la pilule, que j’avais arrêté il y a déjà deux ans. Cette chère pilule qui te nique ta libido, te coûte 30€ sans paquet cadeau, te soumet à des risques cardiaques, mais heureusement te protège contre une éventuelle grossesse. 

Alors, qu’est-ce qu’on fait quand on a presque tout essayé ? On se stérilise ? On demande où ça en est l’avancée de la contraception masculine ? On soumet à nos hommes de procéder à la vasectomie ? 

Sur ce, bisous et bonne journée chers organes génitaux.